ART SACRÉ Toiles et fresques
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En 1952, Bernard Dorival, historien d’art et conservateur du musée national d’Art moderne, reconnaît en Michel Timoléonthos « un des rares artistes de sa génération à posséder le sens du mur et le sentiment du sacré, deux des dons les plus rares et les plus susceptibles de féconder une carrière ». Timoléonthos n’a que 24 ans. Mais à 21 ans il a déjà peint des œuvres majeures comme Saint François aux oiseaux ou la Vierge noire (Je suis noire mais belle) puis viendront les Mystères douloureux, le Couronnement de la Vierge, la Vision de l’Apocalypse en 1952… L’art sacré occupe à cette époque le devant de la scène.
L’art religieux est alors doloriste et l’expressionnisme triomphe.
Michel s’inscrit à l’opposé de cette tendance et sa peinture, restituée dans ce contexte, n’en apparaît que plus remarquable, souligne Dom Angelico Surchamp.
Il suffit de poser les yeux sur ses créations pour s’en convaincre.
Pas d’imagerie pieuse chez lui, il veut juste rendre visible et beau le spirituel et le divin.
Il y a, chez M. Timoléonthos, des trouvailles : tel ce rapprochement – qui n’appartient qu’à lui à notre connaissance – entre les figures
et les réalités dans la Vierge à l’Enfant figurée entre saint Jean-Baptiste présentant l’agneau de Dieu et saint Jean l’évangéliste tenant le calice […]
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Dans ses vastes tentatives murales : La Vision de l’Apocalypse, les deux ensembles de Louvain, il voit grand et ne s’arrête pas à de petites narrations anecdotiques, mais, comme il le dit clairement dans sa lettre de septembre ou octobre 1952, cherche à exprimer la part de vérité éternelle, au-delà de l’espace et du temps ». (« Zodiaque » n°114, p.10 et 11).
Un ami qui a assisté à la création de la Vision de l’Apocalypse, immense toile de 6,5 m par 7,5 m, témoigne : « Il puisait l’inspiration dans la prière, à genoux sur une brique, puis il peignait toute la nuit sans relâche jusqu’à ce qu’il s’écroule de fatigue au petit matin. »
Les toiles retrouvées
Michel Timoléonthos qui travaillait sans répit a produit un nombre considérable d’œuvres dont beaucoup ne sont pas répertoriées.
Le recensement est loin d’être achevé mais, parfois, quelques belles surprises viennent récompenser les efforts. Ainsi, en 2012, l’association a-t-elle été informée de l’existence de toiles de Timoléonthos, rue de Charonne à Paris. Il s’agissait de 18 magnifiques œuvres aux dimensions exceptionnelles réalisées dans les années cinquante.
On les appelle « toiles retrouvées » car c’est dans l’impasse même où la famille Timoléonthos résidait à l’époque qu’elles ont resurgi du passé, probablement récupérées dans une des caves de l’atelier familial.
Après avoir croupi des années dans la poussière, oubliées de tous, les toiles, acquises en totalité par l’association en janvier 2013, entament désormais une nouvelle vie et peuvent enfin être montrées au public.